Je me réveille, introspection vespérale sur nos décennies communes. Que de chemins empruntés ! Que de voies sans issues !
Après le mariage la suite logique semble l’enfantement et quand cette suite ne montre pas son minois quel chemin faut il suivre ?
Examens, prise de sang, farandole d’êtres en blouses blanches.. Et le verdict tombe « vous ne pourrez pas avoir d’enfants sans aide. »
Le couperet tombe mais il y a toujours une lumière au bout du tunnel !!!
Traitement, injections, ovulations, ponction, insémination font place à la déception… Se laisser guider, mettre un pied devant l’autre, petit à petit, l’espoir est encore là, sans lui comment poursuivre l’aventure ?
Dans son regard bleu je me love pour y puiser les ressources nécessaires à la suite du chemin et puis, quand nous touchons le fonds du puits, le destin se joue de nous et le bout du tunnel se rapproche ! Nous vivons alors au rythme des échographies de ce ventre qui s’arrondit, des ondulations de l’abdomen rebondi premier contact avec ce nouvel être.
Et puis l’ultime moment arrive. Les douleurs suivent leurs propres tempos, de supportables deviennent intolérables puis tombent dans l’oubli au moment où nous voyons ce petit minois, la charge émotionnelle électrise la salle « c’est un garçon, il est 18h01 » captent mes oreilles dans ce monde de ouate…
Une nouvelle vie commence, un autre rythme à suivre ; celui des tétées, des changes, des pleurs.
Une année passe, puis une deuxième, puis une autre et ce désir si particulier refait surface. Le chemin est déjà tracé il n’y a plus qu’a se laisser guider …
Traitement, injections, ponctions, insémination, cette fois le destin nous est favorable. Petit être en mon sein rythme ce premier mois sur les neuf à venir.
Le couperet tombe à nouveau « vous êtes licenciée. Mais je suis plus forte avec cette vie en moi. Ce coup du sort ne fait que m’effleurer en ce deuxième mois.
Troisième mois pointe son minois tant attendu. Seule je me rends à l’échographie. J’ai hâte de voir ce petit cœur battre sur le monitoring.. Je m’installe et commence à parler avec la blouse blanche : « Je viens d’être licenciée mais ça n’a pas d’importance car j’aurai plus de temps pour ce petit cœur »
La blouse blanche passe un certain temps sur mon ventre aux rondeurs naissantes… Je ne m’aperçois pas que c’est anormal. Et puis les mots tombent « son cœur ne bat plus » Ces mots n’arrivent pas immédiatement jusqu’à moi. Je me rhabille, je m’installe au bureau de la blouse blanche et là les mots « comment voulez vous l’évacuer ? Chez vous seule ou par curetage ? » m’atteignent de plein fouet… Le monde s’écroule autour de moi. Où sont les yeux bleus pour m’y noyer dans l’oubli !!
Il faut prendre une décision de suite, je suis seule. Je n’arrive pas à rassembler mes pensées. Tous mes membres sont pris de tremblements. La blouse blanche ne peut me réconforter. La seule idée claire est que je ne veux pas que ça se passe dans notre foyer. Et la blouse blanche de dire « j’appelle l’anesthésiste vous allez le voir de suite »
Descente aux enfers.. Une fois arrivée vision de femmes aux ventres rebondis …
Je dégouline. Je me liquéfie. Et l’anesthésiste de demander « Est-ce une grossesse voulue ? » Je n’ai plus la force de répondre mes sanglots bloquent ma réponse.
Je me laisse emporter par ce corps médical. La date est fixée le curetage se fera dans quatre jours.
De retour à la maison ne rien laisser paraître pour épargner notre descendance. Mais malgré son jeune âge il comprend à travers nos expressions corporelles que quelque chose enraille la roue de notre vie coutumière.
Mon esprit a endormi ce moment. Les seuls souvenirs sont des instants furtifs, anesthésiste furtif étranger, masque sur le minois, mon esprit se rebelle, et si je ne me réveillais pas, si tout ceci n’était que le fruit de mon imagination.
Le réveil … mon ventre plat … infirmière compatissante qui n’a pas eu d’enfant … sans le savoir me remet sur les rails… Il y a des femmes qui n’ont pas connue l’enfantement… Je remonte la pente.
La vie suit son cour. L’enfant déjà sur terre demande toute notre attention et nous nous noyons dans ses besoins et ses demandes.
Aujourd’hui le deuil est fait. Ielena ne naîtra pas mais notre vie est riche et pleine de nouveau pas à franchir avec notre fils qui est le miracle de notre existence. Nous, couple qui voulons la meilleure vie possible pour notre descendance….
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quel beau texte qui nous prend aux tripes...
IL exprime avec tant de sincérité ces moments douloureux par lesquels certaines femmes comme toi passent...
Beaucoup de courage il vous faut à vous toutes pour vivre et assumer ces moments qui vous font vivre des espérances, puis de grandes douleurs...
finalement, comme toi, beaucoup arrivent avec le temps à assumer ces deuils.
Ceux-ci accomplis, la vie reprend son cours et même si le temps n'efface pas tout, la vie continue et reprend son cours...
Ton texte malgré tout, est un message d'espoir pour toutes ces femmes qui vivent ces étapes faites de doute, d'espoir, de...,
C'est un témoignage profond que tu as le mérite d'avoir partagé avec d'autres, certainement dans le but d'aider...
MERCI IRMA de cette générosité...
ILE ET SISSLA